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PÈRE RIBES : APRÈS DES DIZAINES DE TÉMOIGNAGES, UN COLLECTIF DE VICTIMES SE CRÉE

Mardi 15 Février - 05:30

Actualité


église
C'est l'un des derniers scandales qui touchent l'Église sur les diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble-Vienne. Pour l'heure, 48 témoignages ont été recensés. Tous mettent en cause les agissements pédocriminels de Louis Ribes, prêtre décédé en 1994.


Il est l'une des premières personnes à avoir témoigné. Luc Gemet, 57 ans, a raconté son histoire. Comme d'autres enfants, il a été victime de Louis Ribes, prêtre et artiste peintre mort en 1994. Des attouchements, des faits de viol, commis entre les années 70 et 90. Un homme d'Église qui avait su gagner la confiance des familles, qui faisait parfois poser nu les enfants qu'il peignait.

Après une interview accordée au journal Marianne, d'autres paroles se sont libérées. Et tout s'est accéléré. Une première réunion publique organisée par le diocèse de Saint-Etienne a eu lieu le 17 janvier dans le village de Grammond, d'où était originaire le prêtre.

"Il faut pouvoir être écouté"


"On a reçu un coup de massue. D'entendre autant de gens, qui n'avaient jamais parlé de tout ça", explique Sofia Gemet, la fille de Luc Gemet. "On s'est dit à ce moment-là, il faut s'organiser." Le collectif en est à ses débuts. "On reçoit tous les jours des mails de personnes victimes ou non, qui souhaitent en faire partie." Une trentaine de personnes le compose actuellement.

Aujourd'hui, la première mission du collectif est d'accompagner toutes les personnes qui en ressentent le besoin. "Il y a des gens qui commencent tout juste à parler. Certains ont des flashs qui reviennent, il faut du temps. Avant même de savoir ce que les personnes veulent ou ne veulent pas, il faut pouvoir être écouté", poursuit Sofia Gemet.

Elle souhaite ainsi pouvoir organiser prochainement une rencontre, sans l'encadrement du diocèse ou des municipalités. Peut-être aussi débloquer rapidement un fonds d'urgence pour permettre aux victimes qui le veulent de bénéficier d'un réel accompagnement. "Pas seulement des réunions menées par des bénévoles du diocèse. Car pour certaines personnes cela suffit, mais pour d'autres non. Ce qui est sûr, c'est que cela a un coût", insiste-t-elle. Cela fait partie des demandes du collectif.

Des croquis et des photos "brûlés"


Il y a aussi la volonté d'en savoir plus, d'éclairer certaines zones d'ombre. De nombreux croquis du prêtre et des photos prises à l'époque des faits n'ont pas été retrouvées. Dans un communiqué publié la semaine dernière, les diocèses concernés expliquent ainsi :

"Comme on peut le comprendre, les personnes victimes se soucient du devenir des photos et croquis d'enfants réalisés par Louis Ribes. Nous avons appris le 28 janvier dernier qu'ils ont été trouvés à sa mort, en 1994, dans son appartement au séminaire des aînés de Vienne-Estressin puis brûlés par un prêtre et une personne laïque, comme cela a été signalé à la justice. Par ailleurs, il peut exister des photos, peintures et croquis qui relèvent de la responsabilité de leurs propriétaires privés."

Le collectif souhaite s'assurer que ces dessins et ces photos, de même que les tableaux, ne fassent pas l'objet de vente. Pour ce qui est des œuvres de Louis Ribes qui étaient encore visibles ces dernières années, les diocèses se sont engagés à les enlever. Certaines municipalités s'y sont aussi engagées.

Plus généralement, le collectif demande que soient reconnus les actes commis par l'Église et que des excuses soient faites, publiquement et individuellement auprès des victimes. Que chaque signalement puisse entraîner l'instruction d'un dossier. Enfin, les membres du collectif espèrent pouvoir renforcer des politiques de prévention.

Les personnes qui souhaiteraient rejoindre le collectif peuvent envoyer un mail à l'adresse suivante : affaire.ribes@protonmail.com