LYON : RACKET, AGRESSIONS ET PEUR AU LYCÉE LA MARTINIÈRE DUCHÈRE

Vendredi 29 Janvier - 18:20

Actualité

L'entrée du lycée Martinière Duchère - © DR
Depuis trois semaines, un climat délétère s'est installé à l'intérieur et aux abords du lycée La Martinière de la Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon. Racket de téléphones portables, violentes agressions d'élèves et de professeurs : plusieurs lycéens ne veulent plus retourner au lycée, soutenus par leurs parents. Radio Scoop a recueilli des témoignages.

"Je suis effarée et j'ai peur pour ma fille. Il est hors de question qu'elle remette les pieds là-bas". Au téléphone, la voix de cette maman d'une élève de Terminale trahit un mélange de rage, de crainte et d'angoisse. Depuis trois semaines, le lycée de La Martinière Duchère et les alentours sont devenus une zone d'insécurité permanente pour les 2.700 élèves et même les professeurs de l'établissement. Rappel des faits qui nous ont été rapportés et qui ne sont peut-être pas exhaustifs.

Mardi, un élève d'une classe de Terminale, connu pour être "dangereux", de l'aveu même d'un enseignant, a lancé des cailloux sur son professeur en plein cours. Un acte hallucinant mais loin d'être isolé dans ce lycée.

"Il y a quelques jours, un élève s'est levé de sa chaise pour venir étrangler une professeur, avant que d'autres élèves ne viennent l'arrêter", témoigne une parent d'élève. Des agressions qui ne se cantonnent pas à l'intérieur du lycée.

Suite à plusieurs agressions signalées à l'arrêt de bus "Balmont", le proviseur (qui n'a pu être joint malgré plusieurs tentatives) a envoyé un mail aux élèves et aux parents d'élèves, en leur demandant "d'éviter, dans la mesure du possible, de se déplacer seuls pour rejoindre leur bus et, si possible, de prendre le bus à un autre arrêt pour l'instant" (copie du mail ci-dessous). Un message qui a provoqué l'ire de bon nombre de parents...

Un mail du proviseur du lycée Martinière Duchère aux élèves et parents d'élèves © DR


Il y a trois semaines, un groupe d'une trentaine de jeunes, âgés d'une quinzaine d'années, est venu réclamer des téléphones portables à des lycéens, devant la Halle Diagana, à proximité du lycée. Devant le refus, le ton est monté, avant que des coups pleuvent, finissant même par...un extincteur lancé dans la tête d'un lycéen. "Avant, on avait l'habitude des vols de briquets et de cigarettes ou encore des insultes, parfois à caractère sexiste. Mais maintenant, on veut carrément nous racketter notre portable", s'insurge une lycéenne, présente au moment de l'agression.

Une grève des élèves lundi à 10 heures


Il y a quelques jours, le même scénario ou presque s'est répété. Toujours devant la Halle Diagana, un lycéen s'est fait voler son téléphone, avant d'être passé à tabac. Et ce jeudi encore, trois jeunes lycéens ont eu l'impression d'échapper de justesse au pire. "Ils étaient trois amis à discuter devant le lycée quand ils ont vu arriver des jeunes, avec des bâtons. Ils ont commencé à marcher pour s'éloigner, puis ont compris que les autres étaient en train de les poursuivre. Ils ont été obligés de courir pour se réfugier dans le lycée. Sinon, on ne sait pas comment ça aurait fini...", relate une lycéenne.

Toujours le mail envoyé aux élèves et aux parents d'élèves, le proviseur évoque également "une certaine agitation", en évoquant également une "agression sexuelle".

D'après les témoignages que Radio Scoop a pu recueillir, il s'agirait d'un élève de 1re, qui aurait agressé une fille de sa classe, dans les toilettes de l'établissement. Faute de preuve, la plainte de la jeune fille a été classée sans suite, comme l'indique le proviseur dans son mail.

Un mail du proviseur du lycée Martinière Duchère aux élèves et parents d'élèves © DR

Un mail du proviseur du lycée Martinière Duchère aux élèves et parents d'élèves © DR


Les parents d'élèves s'inquiètent, certains élèves paniquent et les professeurs semblent impuissants. En guise de protestation, des lycéens prévoient une grève lundi matin, à 10 heures, avec le soutien des professeurs, pour alerter et souligner "les agressions verbales et non-verbales, viols, agressions sexuelles et rackets qui ont lieu à l'intérieur et à l'extérieur du lycée", selon le message diffusé sur Instagram.

Par ailleurs, sans qu'un lien formel puisse être établi avec toutes ces violences, une réunion, en présence du Préfet Pascal Mailhos, du recteur de l'académie de Lyon, Olivier Dugrip et le Procureur de Lyon, Nicolas Jacquet, s'est tenue ce vendredi après-midi.