PROCÈS LELANDAIS : LES DERNIERS INSTANTS DE MAËLYS AU CŒUR DES DÉBATS

Jeudi 10 Février - 15:29

Police - Justice

Des journalistes devant le palais de justice de Grenoble pour le procès de N.Lelandais - © Radio Scoop Celine Boucharlat
Le procès de Nordahl Lelandais, jugé notamment pour le meurtre de Maëlys, se poursuit ce jeudi 10 février à la cour d'assises de Grenoble (Isère). Les derniers instants de la fillette sont au cœur des débats.

Un corps découvert six mois après les faits, un accusé n'avouant que face aux preuves : l'incertitude persistante autour des derniers instants de la petite Maëlys est au cœur du procès de Nordahl Lelandais.

Pour l'heure, seules une trace ADN et une tache de sang retrouvées dans la voiture de l'accusé - qui a précipité ses aveux six mois après la soirée du 26 août 2017 - et l'analyse de ses déplacements permettent d'établir l'enchaînement des faits.

Des zones d'ombre sur les derniers instants de Maëlys


Selon Nordahl Lelandais, la fillette lui a demandé d'aller voir ses chiens avant de monter de son plein gré dans la voiture, mais les proches décrivent une fillette méfiante envers les inconnus.

À 2h46, le portable de Nordahl Lelandais passe en mode avion. Une minute plus tard, sa voiture est filmée par une caméra de surveillance avec sur le siège passager avant une petite silhouette blanche, la couleur de la robe de Maëlys.

Lors de l'instruction, Nordahl Lelandais a assuré que la fillette se serait mise à "chouiner" et qu'il lui aurait alors asséné, tout en conduisant, "trois ou quatre" coups très violents au visage.

À 3h25, Nordahl Lelandais rallume son téléphone et borne de nouveau dans le secteur de la salle des fêtes. Il s'éclipsera ensuite sans participer aux recherches.

La fillette agressée sexuellement ?


L'une des questions porte sur les motivations de l'accusé et surtout sur une éventuelle agression sexuelle avant le décès de la fillette, causé selon lui par des coups de poing.

Depuis le début de l'enquête, il réfute toute agression sexuelle et les juges d'instruction ont écarté les poursuites pour viol faute d'élément matériel.

Mais pour les avocats des parties civiles et l'accusation, des faits survenus ce même été 2017 posent question. L'accusé a en effet reconnu des agressions sexuelles sur deux petites-cousines, qu'il a filmées lui-même avec un téléphone en juillet et août.

"Une fois, deux fois. Trois fois ? Pourquoi s'arrêter ?", a demandé lundi Caroline Rémond, avocate des familles des petites-cousines.

"Et pourquoi ne pas s'arrêter ?", a rétorqué Nordahl Lelandais, agacé, alors que les conseils des parties civiles ont dégainé de nombreuses images pornographiques tirées du dossier ou des comptes de jeunes filles qu'il suivait sur les réseaux sociaux.

Un téléphone portable que l'ex-maître chien s'est empressé de détruire et faire disparaître dans le lac du Bourget après sa première garde à vue.

Un changement de version possible ?


Au cours du procès, l'accusé a admis pour la première fois des penchants "pédophiles".

- "Pourquoi avez-vous emmené Maëlys De Araujo dans votre voiture ?", insiste le procureur général Jacques Dallest.

- "Je le répète. Je n'ai pas agressé sexuellement Maëlys De Araujo", soutient l'accusé.

L'absence d'éléments sur un corps très dégradé ne permet de tirer aucune conclusion sur un possible viol. Mais la famille de Maëlys le redoute. "S'il vous plaît. On voudrait la vérité", a imploré lundi la grande sœur de Maëlys. Face à elle, Nordahl Lelandais a encore contesté toute agression sexuelle.

Le profil et l'attitude de l'accusé font craindre à plusieurs témoins, conseils et magistrats qu'il ne change pas de version jusqu'au verdict, attendu vendredi prochain.