En France, c'est la loi Veil de 1975 qui légalise l'interruption volontaire de grossesse. Pour renforcer la protection de ce droit, les députés LREM ont proposé de l'inscrire dans la Constitution, comme l'avait déjà demandé la gauche en 2018.
"C'est une erreur de penser qu'en France, cela ne pourrait pas nous arriver"
Radio SCOOP : Comment expliquer les réactions en France suite à la décision de la Cour suprême aux États-Unis ?
Marion Athiel : ce sont les États-Unis, une grande puissance... Les gens se disent que si cela peut arriver là-bas, alors en France aussi, c'est une possibilité. Je pense que de très nombreuses américaines ne s'imaginaient pas un jour voir ce droit voir remis en question, et pourtant... Quelque part, ce qui est rassurant, c'est de voir que ces nombreuses réactions ont montré l'attachement que l'on avait à ce droit. Vendredi à Lyon, une centaine de personnes sont venues au rassemblement de soutien qu'on a organisé en à peine une heure.
Radio SCOOP : diriez-vous qu'en France, nous avons moins de raisons de s'inquiéter ?
Marion Athiel : je pense que c'est une erreur de penser qu'en France, cela ne pourrait pas nous arriver. On a vu, avec les lois sur le mariage pour toutes et tous, sur la PMA pour toutes, sur l'allongement des délais de l'IVG... Il y a eu une recrudescence des réactions homophobes, misogynes. Les courants réactionnaires restent très puissants en Europe, il ne faut pas les sous-estimer. Il y a 89 députés du Rassemblement National qui sont entrés à l'Assemblée : personnellement, je ne sais pas quelle est leur position sur l'IVG. Sans oublier certains courants religieux, de toutes les religions, qui menacent le droit des femmes.
Le droit, la politique... et la pratique
Radio SCOOP : que pensez-vous de l'inscription de ce droit dans la Constitution ?
Marion Athiel: je pense que c'est une bonne chose. C'est un combat que nous avons depuis plusieurs années déjà. Bien sûr, il y a une portée symbolique parce qu'on le porte au même niveau que tous nos principes républicains. Mais c'est aussi le placer dans une strate juridique qui le protègera. Après, on ne va pas se mentir : il y a le droit, la politique et il y a l'accès à l'avortement qui, en pratique, n'est pas toujours pleinement garanti.
Radio SCOOP : Que faudrait-il améliorer sur ce point ?
Marion Athiel : l'accès à l'information déjà, mais c'est aussi une question de moyens. De nombreux centres autonomes où des IVG étaient pratiquées ont dû fermer, avec un regroupement des activités dans des centres de gynécologie. L'accompagnement des femmes n'est pas toujours suffisant. On ne leur laisse pas toujours le choix de la méthode, de l'anesthésie, ce qui est pourtant fondamental, notamment pour les femmes victimes de viol... Et puis on parle beaucoup du manque de moyen à l'hôpital en ce moment. Il ne faut pas oublier que c'est là que la majorité des IVG sont pratiquées.