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RACISME DANS LES STADES : "CE QUI ÉTAIT EXCEPTIONNEL EST DEVENU COURANT"

Mercredi 16 Octobre - 22:20

Société


La table ronde s'est déroulée à l'Hôtel de Ville de Lyon. - © Léa Duperrin / Radio SCOOP
Des injures racistes, des saluts nazis et parfois, des agressions physiques. Pour lutter contre ces comportements, minoritaires mais persistants, les clubs de foot assurent faire du mieux qu'ils peuvent pour punir les responsables.


Après les derniers incidents survenus en marge du match OL - Nantes, l'Olympique Lyonnais a déposé 16 plaintes. Le club a également adressé 19 interdictions commerciales d'accès au stade.

Une sanction qui se contourne facilement : il n'y a pas de contrôle d'identité à l'entrée, il n'y a pas de pointage obligatoire au commissariat.

Quant à la rencontre du 24 octobre qui opposera l'OL au Besiktas, des mesures ont déjà été prises : une jauge abaissée à 30.000 spectateurs, des places exclusivement réservées aux abonnés. Tout, pour ne pas reproduire les graves incidents du match de 2017.

Ce mercredi soir, une conférence s'est tenue à l'Hôtel de Ville. Élus et militants antiracistes ont échangé aux côtés du directeur général de l'OL, éclairés par un sociologue du sport. Avec de nombreuses interventions dans la salle.

Du racisme collectif aux individus radicalisés


"Le sport est un miroir de la société, mais il est grossissant et déformant. Pour le meilleur dans les valeurs qu'il porte, comme pour le pire, explique Nicolas Hourcade, sociologue. Les tensions qui s'y expriment sont donc parfois plus violentes que dans le reste de la société."

Voilà pour le constat. Si certains groupes de supporters se sont longtemps revendiqués d'extrême droite dès les années 1980 (Lyon ou Nice), le problème n'est plus le même aujourd'hui.

"Nous ne sommes plus face à des tribunes entières qui ont un même comportement raciste. Ce sont désormais des groupuscules, très minoritaires, mais très radicaux. C'est ce qui rend le traitement difficile : tout le virage nord n'est pas d'extrême droite, loin de là. Mais il y en a", poursuit le sociologue.

"Nous, on veut que le racisme s'arrête"


Face à ces comportements plus individuels, l'OL assure faire le maximum.

"Dès qu'on nous signale un incident, on vérifie les images des caméras. Si on trouve les preuves, on prend les sanctions. On n'a pas attendu les autres pour que l'on fasse le travail. C'est notre rôle, se défend Laurent Prud'homme, le directeur général de l'OL. Mais c'est une politique nationale qu'il faut mener."

Dans le public, certains prennent la parole pour dénoncer des mesures insuffisantes, y compris envers certains groupes de supporters. "Trop de « il faut », trop de « on doit », regrette l'un d'eux. Nous, on veut que le racisme s'arrête."

"On est l'un des seuls pays d'Europe à avoir trois interdictions de stade différentes. Du coup, tout le monde se renvoie la balle. Tant que ce ne sera pas une priorité au niveau national, rien ne changera", insiste Nicolas Hourcade.

Loin des caméras, le foot amateur en souffrance


Chaque année, la Ligue Contre le Racisme et l'Antisémitisme (LICRA) accompagne dans la région une trentaine de dossiers. Bien souvent des clubs de foot amateurs qui ne bénéficient pas de la même médiatisation.

"Le racisme y est moins visible que dans le foot professionnel, qui en plus a les moyens de se défendre, explique Patrick Kahn, pilote de la commission sport de la LICRA. Pas plus tard que la semaine dernière, deux clubs de la région nous ont appelés pour faire remonter des incidents racistes. Un racisme de bêtise, de frustration. Ce qui était exceptionnel est devenu courant."

Cette soirée d'échanges a également permis à plusieurs présidents de clubs amateurs de témoigner.

"Il n'y a pas que le racisme de terrain. Nous, le premier racisme qu'on a vécu, il est institutionnel", confie Djillali Boussebha, président du Football Club de Montluel.

Il raconte les difficultés qu'il a eues pour que les jeunes puissent pratiquer le foot dans des conditions normales. Pas de subvention de la mairie, pas de vestiaires. Le club est allé en Justice, accompagné par la LICRA.

Finalement, tout le monde semble s'accorder sur un point : le combat est loin d'être terminé. Et il ne sera gagné qu'en unissant les efforts de chacun. Avec une volonté politique nationale forte, partout et tout le temps.