Luc Gemet, agressé par ce prêtre alors qu'il était enfant, a répondu aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse, vendredi 6 mai 2022.
Radio SCOOP : vous réclamez l'imprescriptibilité des crimes sexuels commis sur des mineurs (c'est-à-dire, que la justice puisse les juger sans limite de temps). Pourquoi ?
Luc Gemet : "En tant que victime d'abus sexuels, nous mettons des années, voire des dizaines d'années, pour parler, et à un moment donné, la police arrête les enquêtes. Mais il ne faut pas que la police arrête ses enquêtes. Pour le bien de la société, il faut qu'il y ait imprescriptibilité des crimes sexuels commis sur des mineurs. C'est insupportable de se dire que des gens sont morts parce qu'ils n'ont pas pu parler. Des tas d'enfants sont victimes, actuellement, pas seulement dans l'Église, d'ailleurs, mais même dans leurs familles. Et on sait que plus les agressions ont eu lieu tôt, plus on met du temps à parler."
Radio SCOOP : avez-vous le sentiment que l'Église ait entendu votre message ?
Luc Gemet : "Après la création de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, également appelée "commission Sauvé", créée après le scandale Bernard Preynat), on s'attendait à ce que l'Église devienne experte dans ce sujet. Mais en fait, on se sent abandonné ! On ne se sent pas entendu ! Et on apprend aussi que dans certaines affaires, l'Église cherche à minimiser et à étouffer ce qui s'est passé. Alors qu'au niveau de la communication, ils sont très forts ! Si on ne se fie qu'à ce qu'ils disent, tout est parfait ! Nous allons enfin avoir réparation. Mais quand ? Et de quelle façon ? On ne voit rien arriver actuellement."
Radio SCOOP : pourquoi demandez-vous aussi que les œuvres du prêtre soient déclassées de leur statut aux monuments historiques ?
Luc Gemet : "Notre argent public est utilisé pour entretenir les œuvres d'un prêtre pédophile, d'un pédocriminel. C'est intolérable que les victimes et leurs familles, avec leurs impôts, doivent encore mettre la main au portefeuille. L'Église, comme toujours, fait mine de ne pas avoir les moyens et a demandé à tout le monde de donner de l'argent. Il faut qu'on arrête de les subventionner avec nos impôts. De la même manière, lorsque nous demandons réparation, c'est à l'Église de payer, et pas à la Sécurité Sociale. Et c'est à une instance indépendante de chiffrer cette réparation".






