Principale conséquence : l'absence d'un dépistage régulier, qui doit pourtant être réalisé une fois tous les trois ans. Anne Garnier est médecin et référente pour le dépistage du cancer du col de l'utérus dans la région.
Radio Scoop : Comment expliquer qu'autant de femmes ne soit pas suivies correctement ?
Dr Anne Garnier : "Chez les plus jeunes, c'est clairement l'accès à un gynécologue qui pose problème. Celles qui sont suivies font des frottis, mais il y a une partie non négligeable de patientes qui se font prescrire leur pilule chez un médecin généraliste, qui changent souvent de médecin et qui ne font pas de frottis.
Plus généralement, l'absence de suivi concerne souvent les femmes les plus précaires, en situation de handicap qui pour différentes raisons, sont éloignées du système de santé. Les plus jeunes, qui n'auront pas d'enfants avant 30 ans, ne consultent pas toujours et c'est une erreur !"
Radio Scoop : Qui peut réaliser le frottis ?
Dr Anne Garnier : "C'est un geste médical. On ne peut pas le faire avec une infirmière ou une personne travaillant en laboratoire mais les médecins, les gynécologues et les sages-femmes (y compris en libéral), peuvent s'en charger.
Le problème, c'est que les médecins sont souvent débordés, les gynécologues de moins en moins nombreux. Mais ça ne doit pas freiner les patientes, dans de nombreux services hospitaliers, on peut obtenir un rendez-vous dans les trois mois."
Radio Scoop : En quoi consiste la campagne de dépistage ?
Dr Anne Garnier : "Nous venons d'envoyer plus de 200.000 invitations par courrier pour inciter les femmes les moins suivies à se faire dépister. L'invitation permet d'avoir le frottis entièrement gratuit, il n'y a pas de frais à avancer. L'intérêt, c'est aussi d'assurer un suivi derrière. Si la patiente est d'accord, le gynécologue ou le médecin peut nous envoyer les résultats du frottis et en fonction, on relance, on s'assure que la patiente consulte à nouveau.
C'est un examen très simple, je veux le rappeler. Dans la majorité des cas, c'est négatif et on est soulagée. Si ce n'est pas le cas, avant même que le cancer ne se développe, les lésions pré-cancéreuses peuvent être traitées ! À condition de se faire dépister..."