Distancé dans les sondages par Jean-Michel Aulas, il estime que la bataille de l'élection ne fait que commencer. Il mesure aussi le chemin accompli depuis sa première campagne, en 2020.
Radio SCOOP : Vous entrez désormais dans le vif du sujet de cette campagne. L'aspect social est au centre des premiers axes que vous avez annoncés.
Grégory Doucet : Oui, notre objectif, c'est d'abord de faciliter le quotidien des Lyonnaises et des Lyonnais, de pouvoir vivre Lyon de manière plus simple et plus intense. On commence par la première préoccupation des habitants : le logement. Aujourd'hui, la difficulté d'accès au logement est connue, partagée par beaucoup de personnes qui veulent un logement plus grand ou dont les enfants commencent des études.
Nous avons mis en place l'encadrement des loyers sur ce mandat. Ça fonctionne, on le voit : dans les villes où il n'y a pas d'encadrement, l'augmentation des loyers est bien plus importante. Cette mesure, non seulement nous allons la poursuivre, mais elle sera étendue à d'autres territoires, comme l'a annoncé le président de la Métropole. Elle est déjà applicable à Lyon et le sera encore.
Mais ça ne suffit pas. Il faut aller plus loin pour faciliter l'accès au logement. Quand on écoute les Lyonnaises et les Lyonnais, ils nous disent : "On nous demande un garant". Même si certains dispositifs existent, comme Visale, ce n'est pas suffisant, car ils ne sont pas accessibles à tous. Donc la Ville se portera garante pour celles et ceux qui le souhaitent, de manière universelle, sans conditions d'âge ou de lieu d'habitation. L'idée, c'est une garantie habitation universelle municipale.
Deuxième sujet : l'assurance habitation. Elle est obligatoire, mais parfois coûteuse. Nous voulons mettre en place une assurance habitation municipale, avec des tarifs groupés négociés, pour permettre aux habitants de faire des économies substantielles. Nous avons estimé qu'un ménage pourrait économiser entre 300 et 400 euros par an grâce à ce dispositif.
Radio SCOOP : Certaines associations comme Alynea - Samu Social demandent, sur l'exemple de la Finlande, de construire davantage de logements très accessibles, sachant qu'il reste 14.000 personnes sans abri dans la Métropole de Lyon. Est-ce que vous l'envisagez ?
Grégory Doucet : Bien sûr. Depuis cette année, la Ville de Lyon respecte la loi en matière de logement social : nous sommes à 25% de logements sociaux, ce qui n'était pas le cas avant. Nous avons réalisé un très gros effort, mais il faut aller plus loin.
Il y a un besoin de logements sociaux et comme vous le disiez, de logements très sociaux. Nous allons mettre les bouchées doubles, augmenter les budgets pour aider les bailleurs sociaux à construire davantage. Nous avons déjà identifié des terrains sur lesquels on va pouvoir construire du logement social, en faisant en sorte qu'il y ait de la mixité : on ne va pas les mettre tous au même endroit. Une ville doit être partagée par tout le monde. Et pour que chacun puisse vivre à l'endroit où il le souhaite, on a besoin de nouveaux dispositifs. Comme je le disais, la Ville qui se porte garante, c'est bon pour les locataires, mais aussi pour les propriétaires, car cela sécurise le paiement du loyer.
Radio SCOOP : Cette mesure engage quel montant pour la Ville de Lyon ?
Grégory Doucet : Nous avons fait plusieurs estimations. Dans un premier temps, nous allons travailler avec des institutions spécialisées dans la garantie locative. Ce sera un budget conséquent, mais l'idée, c'est que ce ne soit pas la Ville directement qui se porte garante : nous allons sécuriser le dispositif en partenariat avec une institution qui, via la Ville, sera le garant formel.
L'écologie, absente des premières promesses de campagne
Radio SCOOP : Ce qui est frappant, c'est qu'il n'y a pas d'écologie dans les premières mesures annoncées cette semaine. Est-ce que cela veut dire que l'écologie ne sera pas un sujet pendant cette campagne ?
Grégory Doucet : On est en début de campagne, il reste tout le reste du programme à présenter petit à petit, donc je ne vais pas m'étendre aujourd'hui. Bien évidemment, il y aura d'autres mesures.
Nous avons déjà commencé à transformer la ville pour l'adapter notamment aux fortes chaleurs. D'ailleurs, ici même, dans le quartier Sainte-Blandine, j'inaugurais il y a quelques minutes une nouvelle "rue aux enfants" avec 53 arbres plantés.
Il faut continuer : les Lyonnaises et les Lyonnais, notamment les parents d'élèves, les enfants et les équipes éducatives, nous demandent davantage de rues aux enfants, davantage d'arbres autour des écoles. Ils veulent une ville plus fraîche en été, plus respirable.
Nous avons engagé énormément de transformations, et c'était important de le faire rapidement, parce que le retard était très important à Lyon. Nous avons mis les bouchées doubles, et je crois que ça se voit.
Radio SCOOP : Le fait de ne pas mettre l'écologie au cœur, est-ce aussi une façon de vous positionner par rapport à vos adversaires, d'aller sur leur terrain ?
Grégory Doucet : Ce qui m'importe, ce sont les Lyonnaises et les Lyonnais et les attentes qu'ils ont formulées. Cet été, nous avons lancé un dispositif appelé "la grande écoute" : nous sommes allés à la rencontre des habitants. C'est pour ça que je vous parle de logement, parce que c'est leur priorité.
Nous avons aussi rencontré beaucoup de familles qui nous disaient : "On a besoin d'être encore plus aidées". C'est pour cela que je propose la création d'un accueil de loisirs le mercredi après-midi. Pour beaucoup de familles, qu'elles soient recomposées ou monoparentales, le mercredi après-midi est une question : que fait-on des enfants ?
La Ville de Lyon proposera donc cet accueil le mercredi après-midi, avec les mêmes standards que pour le périscolaire et l'extrascolaire. Cela permettra aux parents de souffler un peu, et garantira que les enfants soient bien pris en charge.
Autre chose importante pour les familles : la possibilité de se réunir. Quand les grands-parents qui habitent en périphérie veulent venir voir leurs petits-enfants, c'est compliqué, et certains trouvent que le stationnement est trop cher. Je m'y engage : il y aura dix journées de stationnement gratuit pour les personnes qui en font la demande, ce qui permettra aux familles de se regrouper à Lyon.
Radio SCOOP : Vous êtes régulièrement critiqué sur le volet sécurité. Votre réponse, dans ce programme, c'est une approche de proximité, en poursuivant notamment les efforts sur le recrutement de la police municipale. Où en est-on ? Y a-t-il encore des postes vacants ?
Grégory Doucet : Là encore, les Lyonnaises et les Lyonnais l'expriment très clairement : ce qu'ils souhaitent, c'est voir les policiers municipaux dans l'espace public. Aujourd'hui, nous en avons 312. Notre objectif est d'atteindre 365. Et si, au cours du prochain mandat, il faut aller plus loin, nous irons plus loin.
Ce qui est très important, c'est d'abord d'augmenter la présence dans l'espace public : on augmentera les patrouilles, notamment à pied. Nous continuerons avec la brigade cycliste, la brigade équestre, et nous allons créer des postes de police municipale mobiles.
Imaginez un camion avec des policiers municipaux qui vont s'implanter dans différents quartiers : pour patrouiller, mais aussi pour aller à la rencontre des habitants, écouter, recueillir des informations.
Nous voulons une police totalement de proximité, aux côtés des habitants, pas dans un bunker, je ne sais où. Ce n'est pas avec un projet immobilier qu'on assure la sécurité, c'est un projet humain. Je crois à une police de l'humain, et c'est ce que nous allons faire.
Sondages : "le match commence quand les deux équipes sont sur le terrain"
Radio SCOOP : Dans les sondages, Jean-Michel Aulas a beaucoup d'avance. On est à trois mois du scrutin : comment le vivez-vous ?
Grégory Doucet : Aucun sondage n'a jamais prédit une élection. Pour qu'un sondage ait une vraie matérialité, il faut qu'il y ait une campagne lancée. Ma campagne, je l'ai lancée il y a quelques jours à peine.
Le match commence quand les deux équipes sont sur le terrain, pas quand il y en a un qui fait des tours de stade tout seul.
Là, la campagne commence : on va pouvoir parler propositions, les gens vont discuter, débattre, prendre la mesure de ce que chacun propose, et ensuite on verra. Voyons ce qui se passera les 15 et 22 mars prochains.
Radio SCOOP : Y aura-t-il un débat avec les autres candidats ?
Grégory Doucet : Je le réclame ! Je demande à tous les candidats*, et en particulier à monsieur Aulas, un débat. Il faut que nous nous présentions devant les électeurs, que nous puissions leur parler ensemble, qu'ils puissent entendre et comparer nos programmes et nos engagements.
Il ne faut pas avoir peur de la démocratie. Il faut accepter le débat et ne pas le repousser sans cesse. Donc, je le redis à votre antenne et je lance un message à monsieur Aulas : débattons au plus vite pour que les Lyonnaises et les Lyonnais sachent ce qu'il en est de nos programmes et nos engagements.
Radio SCOOP : Sur un plan plus personnel, c'est votre deuxième campagne. La précédente, vous étiez inconnu, vous débarquiez dans le monde politique. Qu'avez-vous appris, et êtes-vous un homme différent d'il y a six ans ?
Grégory Doucet : J'ai passé six années à apprendre au quotidien : apprendre aux côtés des Lyonnaises et des Lyonnais, mais aussi à comprendre le fonctionnement d'une collectivité locale.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'une collectivité locale, ce n'est pas une entreprise : il n'y a pas de dividendes à distribuer, pas d'actions à acheter dans un paradis fiscal. Il y a d'abord du service public à rendre, l'intérêt général à défendre au quotidien. C'est ça, une collectivité locale, et c'est ce que je défends depuis six ans.
Avant d'être élu maire, j'ai travaillé pendant une vingtaine d'années dans l'humanitaire. Je me suis toujours mis au service des autres, et j'ai trouvé qu'être élu, être maire, c'était une poursuite assez naturelle de mon parcours.
Bien sûr, j'ai appris beaucoup de choses, mais les convictions qui m'ont porté en 2020 n'ont pas changé : mon engagement reste le même, centré sur le bien commun et l'intérêt général.
Je pense que quand on veut se mettre au service des autres, la fonction d'élu, la fonction de maire, est magnifique. Même si parfois, vous le savez, on prend des coups, les gens ne sont pas contents. Mais je suis toujours très heureux de prendre le temps d'expliquer, de rencontrer les Lyonnaises et les Lyonnais. Et je vais continuer à le faire pendant toute cette campagne.
* Anaïs Belouassa-Cherifi (La France Insoumise), Georges Képénékian (Divers Centre, liste "Équinoxe", candidat sans étiquette), Nathalie Perrin-Gilbert (Divers Gauche, Parti radical de gauche), Alexandre Humbert Dupalais (Union des Droites pour la République, soutenu par le Rassemblement National), Delphine Briday (Lutte Ouvrière) ont fait acte de candidature.
►Politique
Élections municipales et métropolitaines à Lyon : Jean-Michel Aulas s'allie avec LR
Jean-Michel Aulas et Véronique Sarselli, maire...







