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IMPLANTS ESSURE : SCANDALE SANITAIRE ET COMBATS DE FEMMES RETRACÉS DANS UN LIVRE

Lundi 3 Octobre - 05:30

Santé


Anne-Cécile Groleas apporte son témoignage sur les implants Essure dans un livre-enquête à paraître le 13 octobre. - © Léa Duperrin / Radio Scoop
En France, près de 200.000 femmes ont eu recours à l'implant contraceptif Essure, commercialisé dans le monde entier jusqu'en 2018 par le laboratoire Bayer. Peu de temps avant, de nombreuses femmes avaient signalé des effets secondaires importants. Parmi elles, Anne-Cécile Groleas, originaire de la région de Lyon. Son combat est désormais retranscrit dans un livre.


Il est enfin là, tout neuf, à peine sorti du carton. "C'est sûr que ça fait quelque chose", sourit Anne-Cécile. Entre ses mains, l'ouvrage de Delphine Bauer et Jacqueline Maurette : "Au mépris du corps des femmes, le scandale des implants Essure", à paraître le 13 octobre aux éditions de l'Atelier.

Le témoignage d'Anne-Cécile est un fil rouge dans cette enquête minutieuse qui donne la voix à d'autres femmes victimes, à des associations et à des avocats. C'est le premier livre qui traite du sujet.

"Nous avons servi de cobayes"


Le premier chapitre "Du miracle à l'enfer" s'ouvre sur une prise de notes d'Anne-Cécile, confiée aux deux autrices. La mère de famille revient sur le commencement : le choix d'une contraception définitive, une décision mûrement réfléchie. Mère de quatre enfants, entrepreneuse et militante âgée de 41 ans, elle ne souhaite plus avoir d'enfants. L'implant Essure se présente alors comme la meilleure option. Simple, efficace, largement recommandée par le monde médical. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

En 2018, Anne-Cécile a fait retirer ses implants. Le mal était déjà fait et aujourd'hui, les séquelles perdurent. "Je suis reconnue comme personne en situation de handicap, je ne peux plus travailler. Je marche avec difficulté, j'ai une fatigue extrême et des douleurs permanentes", liste-t-elle.

Ce lundi 3 octobre, une audience doit se tenir au tribunal judiciaire de Paris. Bayer est attaqué en justice par 132 femmes qui réclament la reconnaissance d'un préjudice d'anxiété. Anne-Cécile a de son côté engagé trois procédures distinctes dont l'une vise l'hôpital où elle a été implantée. "Il y a aussi une plainte contre X, car j'estime que c'est à la Justice française de faire le nécessaire et enfin, une plainte contre l'État qui ne nous a pas protégées."

Ces actions ne sont qu'une partie du combat mené. En parallèle, Anne-Cécile témoigne, manifeste, alimente autant que possible son blog personnel. Car c'est devenu sa raison d'être : "briser l'omerta".

"Nous avons servi de cobaye. Les implants m'ont empoisonné et m'ont volé la vie que j'aurais dû avoir", explique-t-elle. "Je suis triste, je suis en colère, mais je suis combative."

Des moyens pour la recherche


Ce qu'elle espère aujourd'hui, c'est que le livre circule. Qu'il soit lu, qu'on en parle. Que les femmes qui ont été implantées et qui ignorent d'où viennent certaines de leurs douleurs puissent se sentir moins seules. Un livre pour faire bouger les choses et pour aller plus vite aussi. Prouver les liens de cause à effet entre l'implantation et les effets secondaires reste difficile et prend du temps.

"Depuis tant d'années, les femmes sont implantées. Depuis tant d'année, certaines font remonter des effets indésirables graves. Il n'y pas de recherche à part celles qui sont privées et financées par les victimes", regrette Anne-Cécile. "Il n'y a pas véritablement de protocole à proprement parler, pour que les gynécologues aient une marche à suivre. Comment espérer que les femmes elles-mêmes soient correctement informées ?"

Après la série de signalements dès 2017, l'Agence nationale de la sécurité du médicament avait demandé l'arrêt des implantations. Une étude promise en 2020 par le ministère de la Santé se fait toujours attendre.

En parlant du livre, l'émotion monte. "C'est une rencontre de femmes, une très belle rencontre." Une relation de confiance qui s'établit avec les deux journalistes qui permet de nourrir l'enquête avec ce témoignage concret, très intime aussi mais au combien politique. À la fin du livre, les deux autrices lui ont fait un joli cadeau. "Nos remerciements vont à Anne-Cécile Groleas qui n'a jamais ménagé sa peine pour que ce livre existe. Cet ouvrage lui est dédié."