Le rapport évoque ainsi "la promotion d'un autre mode de vie, la multiplication des incidents quotidiens, un phénomène d'entre soi sur une base religieuse ; une marginalisation progressive des femmes (...) deux écoles désertées lors d'évènements religieux, le poids du ramadan de plus en plus fort chaque année, des certificats religieux pour jeunes filles au motif d'« allergies au chlore », le boycott de toute information sur l'éveil de l'adolescence réalisé dans le cadre de la prévention par un infirmier, des épisodes de prières au sein d'un groupe scolaire."
Un combat permanent
Interrogée, la maire de Vénissieux ne nie pas qu'une petite partie de la population des Minguettes se soit radicalisée. Mais le problème n'est pas propre au quartier et ne date pas d'hier, rappelle Michèle Picard.
"Le premier élément qui me dérange dans ce rapport, c'est le manque de sources : on ne sait pas qui a été interrogé, ni la personne qui l'a rédigé. Surtout, on prend des événements pour en faire des généralités. Oui, il y a des femmes qui s'habillent différemment, oui il y a pu avoir des prières mais ça ne se passe pas tous les jours !", explique l'élue.
Michèle Picard affirme que les services de la Ville sont pleinement mobilisés sur ce sujet, à travers différents événements. La journée de la laïcité du 9 décembre, "preuve form'elles" pour inciter les femmes et les jeunes filles à continuer le sport...
La politique de la ville porte ses fruits assure l'élue communiste, mais l'État n'assure pas toujours ses missions régaliennes "dans la sécurité, dans l'Éducation nationale", poursuit Michèle Picard. "Quand vous voyez qu'en 2011 je m'étais battue contre le non-remplacement des enseignants... Vous pouvez faire toute la politique de la ville que vous voulez, toutes les aides aux devoirs, mais les problèmes sont déjà là."
Mauvaise image
Sur les questions de précarités et du manque de mixité sociale pointé dans le rapport, Michèle Picard insiste sur une politique du logement social enrayée, qu'il faudrait diversifier.
"En France, 70% des ménages y sont éligibles", ajoute la maire. "Or depuis des décennies on a baissé les plafonds et en faisant payer des sur-loyers vous avez fait fuir toute une partie des gens qui y vivaient."
Sur l'emploi aussi, l'élue tient à rappeler que les chiffres du chômage aux Minguettes (trois fois supérieur à la moyenne nationale) ne doivent pas cacher le fait que de nombreuses entreprises se sont installées à Vénissieux ces dernières années.
Enfin, Michèle Picard regrette que le rapport et les reprises médiatiques qui en ont été faites se concentrent uniquement "sur ce qui ne va pas". Pas question de mettre les problèmes "sous le tapis" conclut-elle, "mais qui parle du label quatre fleurs à Vénissieux ? Qui parle des trois sportifs Vénissians qui ont participé aux derniers Jeux Olympiques ?", s'interroge-t-elle enfin. "Ce sont aussi des choses qui méritent d'être valorisées."
Le rapport complet de la Cour des comptes est à lire ici, en détail pour chaque quartier là et la synthèse du rapport ici.