"Est-ce qu'on ne va pas se noyer un peu là-dedans ?"
À deux pas de l'hôtel de Ville, la grande rue d'Oullins. Ses cafés, ses commerces... "La fusion ? Vous me l'apprenez", souffle un Oullinois. "Je ne suis pas contre mais... Il faut voir ce qu'il va en ressortir." D'autres sont plus tranchés : "Oullins, c'est Oullins ! Je ne vois pas l'intérêt. Pourquoi pas fusionner avec Lyon alors ?", interroge une riveraine. "Est-ce qu'on ne va pas se noyer un peu là-dedans ? Enfin bon de toute façon, on ne nous demandera pas notre avis", sourit un autre.
"Je n'y suis pas opposée", estime Geneviève, croisée un peu plus loin. "Nos deux villes sont déjà très imbriquées. Des fois, on ne sait pas si on est à Oullins ou à Pierre-Bénite... Les enfants vont dans les écoles de l'une ou de l'autre commune alors... Pourquoi pas ? Si ça peut faire des économies."
À défaut d'organiser un référendum local comme le demande une partie de l'opposition, les deux maires promettent de lancer une phase de concertation de la population.
"Nous avons beaucoup travaillé sur ce projet, nous avons beaucoup consulté, y compris des élus qui ont déjà entamé une fusion. À nous désormais de convaincre les habitants de la nécessité de ce projet", affirme Clotilde Pouzergue, actuelle maire d'Oullins, qui continuera de siéger à la Métropole une fois la fusion effective.
"Demain, ce sera plus de service pour nos habitants"
D'où vient cette volonté de fusionner ? D'après les deux maires, tout est parti d'un projet de centre nautique commun aux deux villes. Une réflexion plus large aurait alors été engagée, avec à l'esprit la volonté de mutualiser des moyens. Ce sera le cas pour la police municipale, mais aussi pour l'offre culturelle ou encore la cuisine centrale qui alimente les cantines scolaires.
"Cela sonne comme une évidence, puisque nous sommes le même bassin de vie. Nos populations se connaissent, elles se côtoient déjà. Les activités culturelles, sportives, les écoles, les lycées... Et puis aujourd'hui on le voit, on a besoin de plus en plus de moyens pour les habitants alors qu'on a de moins en moins de ressources. Demain, ce sera plus de service pour nos habitants", insiste Jérôme Moroge, le maire de Pierre-Bénite.
Pas de quoi convaincre tout le monde pour autant : plusieurs élus locaux se sont étonnés d'apprendre la nouvelle si soudainement. "Affirmer que cette fusion est une « évidence », sans aucun argument sérieux, est irrespectueux, voire méprisant pour les habitants", a commenté le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard.
"Belle manœuvre politicienne", dénonce de son côté Benjamin Badouard, co-président des écologistes à la Métropole.
Oullins et Pierre-Bénite, toutes les deux menées par des élus LR, fusionnent-elles pour peser plus lourd politiquement en vue des prochaines élections ? "Ce n'est vraiment pas au niveau du sujet", balaie Jérôme Moroge d'un revers de la main.
Prochaine étape, un vote pour chacun des deux conseils municipaux qui se prononceront sur la fusion. Entre 2010 et 2022, 2.536 communes françaises se sont regroupées pour créer 787 communes nouvelles. Un nombre encore assez limité, pointait un rapport public datant de septembre dernier.
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