Mobilités et travaux
Radio SCOOP : parmi les sujets qui font le quotidien des Lyonnais, évidemment, il y a les travaux : il y en a énormément en ce moment à Lyon. Comprenez-vous le ras-le-bol généralisé des Lyonnais ?
C'est certain qu'on est dans la période de pic des travaux, je ne vais pas vous mentir. En ce moment, il y a les deux nouvelles lignes de tramway T9 et T10, qui concernent Lyon, mais aussi Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, qui sont aussi très touchés. Il y a le prolongement du T6 à Villeurbanne, qui provoque aussi beaucoup de ralentissements. Quand vous avez des travaux aussi importants dans l'aire de l'agglomération lyonnaise, forcément, ça a des conséquences sur la circulation en ville. On a aussi le nouveau bus à haut niveau de service. Il va relier Sept Chemins à Vaulx-en-Velin à Charpennes. Et là, il faut se le dire aussi, les habitants de la route de Genas ou de l'avenue Félix Faure prennent cher ! Mais le choix qu'on a fait, et c'est important que je puisse venir l'expliquer sur votre antenne ce matin, c'est qu'on profite de ces travaux de surface pour aussi faire les travaux en sous-sol. C'est ce qu'on appelle les travaux de concessionnaire, c'est le renouvellement des conduites de gaz, l'évacuation des eaux usées, les télécoms... Tout ça, ce sont des travaux dont on ne voit pas immédiatement l'utilité, mais c'est indispensable, si vous voulez, demain, avoir encore un accès à tous ces services de qualité. On a besoin d'avoir les infrastructures, des équipements de qualité. Et n'oublions pas aussi qu'il y a beaucoup de travaux qui sont pour le raccordement au chauffage urbain. Le raccordement au chauffage urbain, c'est tout simplement permettre à des ménages d'avoir 30% d'économies sur leur facture d'énergie. Ce n'est pas rien. À l'heure où l'inflation a fait grimper le prix du gaz, de l'électricité, de pouvoir se connecter au chauffage urbain, c'est regagner du pouvoir d'achat. Mais le raccordement au chauffage urbain, ce sont des travaux très lourds. Ce sont de très gros tuyaux qu'il faut enterrer. Ça prend du temps, mais à la fin, tout le monde y a gagné et en premier lieu celles et ceux qui sont raccordés, parce qu'ils ont un vrai gain en matière de pouvoir d'achat.
Qui dit travaux, dit aussi accès au centre-ville. C'est un point sensible aussi pour de nombreux lyonnais, en heure de pointe.
Tous les travaux qu'on vient d'évoquer ont un impact sur l'ensemble de la circulation dans la ville. Mais on a aussi 15.000 places de parking connectées aux TCL qui permettent de vous approcher et de terminer en bus, en métro, en tram. Donc, on a quand même encore la possibilité de se déplacer en centre-ville. Et ce qu'il faut avoir en tête, c'est que notamment pour ce qui est de la Presqu'île, on est en train de faire les travaux de concessionnaire que j'évoquais un peu plus tôt. Ils sont indispensables et d'ailleurs, beaucoup d'entre eux avaient pris énormément de retard. Les concessionnaires, Enedis, GRDF, etc., attendaient qu'on leur donne l'autorisation de pouvoir réaliser ces travaux. J'entends les nuisances ! Pendant toute la période de cérémonie des vœux, au mois de janvier, qui vient de se terminer, c'était le premier sujet dont les Lyonnaises et Lyonnais me parlaient. Les chantiers vont se terminer plus ou moins rapidement, mais sur la première partie de l'année, sur les six premiers mois, je ne vais pas vous mentir, il y en a encore pas mal.
Autre débat : on a demandé aux auditeurs de réagir, de vous poser des questions via les réseaux sociaux et les SMS. Depuis ce matin, la ZFE est un sujet qui revient. Laurent, Virginie, Solange ont réagi sur les réseaux sociaux Radio SCOOP. C'est une prérogative de l'État, et même de l'Europe. Mais au final, les gens vous en veulent tout personnellement, à la mairie de Lyon.
Effectivement, il faut le rappeler, d'abord, la mise en place de la ZFE, c'est le choix de l'État français suite à une réglementation européenne qui impose de respecter une limite maximale en matière de dioxyde d'azote et de particules fines. Cette règle européenne vise d'abord à nous protéger, à protéger notre santé. En France, en particulier les villes de Paris et Lyon, sont depuis des années au-dessus des normes réglementaires. Ça veut dire que tout simplement, la pollution est trop forte. Les études sanitaires le démontrent, ça a un effet sur votre santé, sur la mienne, sur celle de vos auditeurs. Il y a un taux de mortalité plus élevé, du fait de la pollution. On a donc besoin d'agir sur la pollution. Le choix de la ZFE, c'est celui de l'État français qui s'impose notamment à Lyon. Et on est là pour appliquer, avec le président de la Métropole de Lyon Bruno Bernard, cette ZFE, dans le cadre de la loi. Il est inscrit qu'au 1 janvier 2025, les vignettes CritAir 3 sont interdites sur le périmètre de la ZFE. Cette loi, il faut l'appliquer.
L'Olympique Lyonnais et Pierre Sage
Beaucoup de Lyonnaises et de Lyonnais sont inquiets pour l'avenir de l'Olympique lyonnais. Il y a un risque de rétrogradation en fin de saison. Quel est votre avis là-dessus ? Est-ce que ça vous préoccupe ?
Oui, ça me préoccupe, c'est certain. Comme tout Lyonnais ou Lyonnaise, je m'intéresse bien sûr au football, à tous les sports collectifs, à nos grandes équipes. Donc forcément, je n'étais pas très heureux de la défaite contre Marseille, mais c'était à Marseille, à l'extérieur. Plus sérieusement, je suis préoccupé par ce risque de rétrogradation, parce que l'équipe mérite d'être en Ligue 1, point. Donc, il faut tout faire pour qu'on y reste.
Tout Lyon a donné son avis sur l'éviction de l'entraîneur Pierre Sage, mais on n'a pas entendu le vôtre.
Quand bien même, j'en aurais un, je vais le garder pour moi, parce qu'aujourd'hui, les dirigeants de l'OL mènent leur barque et ce n'est pas mon rôle, en tant que maire de Lyon, que d'aller m'immiscer dans cette gestion d'équipe. Je suis là pour être supporter ! Je l'étais avant et je le suis encore plus en tant que maire. Mais aller de mon petit commentaire sur ceci ou sur cela, je crois que ça n'aiderait pas, quand bien même il serait positif. Par contre, je continuerai à soutenir l'équipe, ça, c'est sûr.
Sécurité et cadre de vie
Parlons sécurité : vous avez rappelé récemment les objectifs de fin de mandat, 365 policiers municipaux déployés, 630 caméras. Pourtant, on vous reproche de ne pas en faire assez, notamment le président de Région qui se demande pourquoi vous n'installez pas plus de caméras dans les rues de Lyon.
C'est un outil, un équipement très utile, notamment pour résoudre des affaires, puisqu'on transmet énormément d'images sur requête de la police ou de la justice. Après, une caméra n'a jamais arrêté un voleur, ni quelqu'un en train d'agresser quelqu'un dans la rue. Donc il en faut, mais ce serait une erreur de laisser penser aux gens qu'en couvrant notre territoire de caméras, d'un seul coup, toutes les situations seraient réglées. Je crois en une sécurité bien ancrée sur ses deux pieds, de la prévention et de la répression quand il en faut, ça c'est certain. C'est pour ça qu'on investit massivement sur la prévention dans la ville de Lyon. Et pour la répression, je crois d'abord en l'humain, avant la caméra. On a aujourd'hui 284 policiers municipaux à la ville de Lyon et on a l'ambition et l'objectif d'en recruter jusqu'à 365. On continue à recruter. D'ailleurs, on n'a jamais autant recruté de policiers municipaux que sous ce mandat, puisque depuis le début du mandat, 150 policiers municipaux supplémentaires sont arrivés à la ville de Lyon.
Il y a aussi régulièrement des soucis avec le le marché sauvage des États-Unis. Là aussi, il y a un certain ras-le-bol des Lyonnais à ce sujet.
Assurément, parce que c'est une situation tout à fait intolérable. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas la situation, pour la décrire en quelques mots, vous avez trois fois par semaine un marché dans le quartier des États-Unis et en plus du marché, viennent se déployer plusieurs centaines de vendeurs à la sauvette. Il faut savoir que chaque jour de marché, on a 25 policiers municipaux qui viennent et qui font ce qu'on appelle les évictions. Rien que sur l'année 2024, tenez-vous bien, 36.000 évictions ont été réalisées sur le marché des États-Unis. 36.000 ! Il y a des patrouilles trois fois par jour, les jours de marché, de la police municipale. Ces vendeurs à la sauvette, ce ne sont pas que des produits licites où légaux qu'ils vendent, on va y trouver des cigarettes de contrebande, des médicaments de contrebande, parfois, on y trouve même des animaux vivants ou des produits alimentaires périmés. Là-dessus, on a besoin d'une intervention des différents services de la police, y compris les douanes. Une mobilisation de la justice. J'ai à plusieurs reprises demandé à la police nationale et la préfecture d'intervenir. Depuis quelques semaines, les interventions de la police nationale se multiplient et je m'en réjouis, parce que les habitants sont vraiment au bout. Ils ont même à un moment fait une pétition pour dire qu'il faut que ça s'arrête. Et je les en remercie, parce que c'est grâce à leur mobilisation qu'on a pu saisir la justice, au travers de ce qu'on appelle un article 40. Je vais saisir le procureur de la République pour lui demander d'engager des actions intenses pour régler cette problématique de marché sauvage.
Budget, économies
Fête des Lumières ou feu d'artifice du 14 juillet : avez-vous des pistes d'économies envisagées pour Lyon ?
Le budget de l'État est en train de passer et prévoit, enfin, le gouvernement prévoit des ponctions sur les budgets des collectivités locales, donc des villes, de plusieurs millions. Pour la ville de Lyon, c'est quasiment 20 millions d'euros que l'État veut nous prendre. C'est totalement aberrant parce que les collectivités locales, et la ville de Lyon ne fait pas exception, sont bien gérées. Notre agence de notation nous donne la plus haute note possible pour une ville en France. On sait qu'on est bien géré à Lyon. Et pour autant, l'État, qui lui est très endetté, a décidé de prendre sur le budget des villes. Dont acte. OK, on va on va le faire, il faut qu'on trouve des pistes d'économies. Mais rien n'a été acté. Vous avez parlé du feu d'artifice, de la fête des Lumières ? Moi, ce que j'ai fait, c'est que j'ai sollicité les services de la ville pour qu'ils identifient toutes les pistes d'économie possible. Donc j'ai une liste, j'ai un tableur Excel avec des centaines et des centaines de lignes, mais les arbitrages n'ont pas encore été rendus. Donc à ce stade, je ne vais pas vous dire sur quoi on va faire des économies. Mais bien évidemment, la priorité pour moi, c'est de continuer la transition écologique qu'on a engagée depuis le début de ce mandat. C'est aussi d'être très attentif à la question des solidarités, parce que le pouvoir d'achat des Françaises et des Français, et les Lyonnais font pas exception, a quand même diminué ces dernières années. Malheureusement, il y a de plus en plus de gens en situation de très grande précarité dans la ville. On le voit avec les tentes qui sont installées ici et là, et moi je peux pas me résoudre à cette très grande pauvreté.
2026 et candidature de Georges Képénékian
2025 est votre dernière année calendaire de mandat. Les élections municipales seront en 2026 et vous êtes déjà positionné très tôt, en 2022, pour votre prochaine candidature à la mairie de Lyon. D'autres commencent aussi à à se positionner, notamment Georges Képénékian, l'ancien maire de Lyon. Un mot sur cette candidature ? Il l'a annoncé dimanche.
Moi, ce que je peux vous dire sur George Képénékian que je connais bien, c'est que je l'apprécie particulièrement. Il a été maire au moment où Gérard Collomb était ministre de l'Intérieur, donc il connaît la fonction. C'est quelqu'un que j'ai appris à connaître, nous avons ensemble fait un voyage en Arménie. Je dois avouer que grâce à lui, j'ai mieux compris quelle était l'histoire de ce pays, les liens avec le nôtre, l'histoire terrible du génocide arménien, et de ce fait, j'ai une très grande amitié pour Georges Képénékian. C'est quelqu'un qui m'a fait grandirsur un certain nombre de sujets, donc, beaucoup d'amitié, beaucoup de respect pour lui. Maintenant, sur son annonce de candidature, je ne vais pas plus commenter que ça. Je peux vous parler un peu de l'homme que je fréquente régulièrement, c'est tout.
Fiertés et regrets
Si on regarde dans le rétro, tout ce qui a été accompli pendant votre mandat, quelles seraient vos fiertés ?
J'aurais assurément plusieurs fiertés parce qu'on a engagé la ville dans un très grand processus de transformation, qui est visible. On parlait des chantiers, des travaux tout à l'heure, donc ça se voit dans le quotidien et ça impacte, je le sais, le quotidien des Lyonnaises et Lyonnais, plutôt négativement, mais une fois que ce sera terminé, tout ça sera aussi très positif avec de belles réalisations. Mais il y a une fierté, vraiment, dont j'avais envie de vous parler ce matin. C'est celle de la mise en œuvre de notre grand plan handicap. Le handicap, pour moi, c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Vous savez, j'ai travaillé pendant un certain nombre d'années dans l'humanitaire et en particulier dans ce domaine-là. Quand on est arrivé en responsabilité en 2020, 11% seulement des bâtiments de la ville étaient accessibles. Et ça faisait 15 ans que la loi de 2005 avait donné comme objectif aux collectivités de rendre tous les bâtiments accessibles ! Depuis 2020, on a multiplié par trois le nombre de bâtiments accessibles. On est à 30% aujourd'hui et notre objectif, c'est d'avoir 50% des bâtiments accessibles à fin 2026. Ce n'est pas suffisant, 50%, ce n'est que la moitié du chemin, mais vu de là où on partait, c'est déjà un effort considérable. On a d'ailleurs multiplié par deux les budgets. On a recruté des gens pour pouvoir travailler sur les chantiers.
Et à l'inverse, peut être aussi des regrets ?
Il y en a aussi, bien évidemment. En premier lieu, je suis affligé, attristé de savoir qu'à Lyon, qui est une grande ville prospère, on ait encore autant d'enfants à la rue. Ce n'est pas faute de réaliser énormément d'efforts. Vous savez, depuis le début de ce mandat, on a sorti plus de 1.000 personnes de la rue. On a créé 800 places d'hébergement, alors même que l'hébergement d'urgence n'est pas une compétence de la ville, c'est une compétence de l'État. Ce n'est pas normal et ça m'est insupportable de savoir que dans ces tentes, il y a des enfants très jeunes. On n'est pas arrivé au bout du chantier et ça m'attriste quotidiennement.
Mais aussi... quelques confidences personnelles du maire de Lyon
Le maire de Lyon a aussi profité de son passage sur Radio SCOOP pour livrer quelques confidences personnelles sur son quotidien et ses goûts !
Son péché mignon : le pain au raisin
Ses restaurants préférés : les brasseries Bocuse et la Grenade, près de l'Hôtel de Ville
Le chanteur dont il est fan : Ben Harper
Le titre qu'il a choisi de diffuser : "Beds Are Burning" de Midnight Oil
Ce qu'il fait pour déconnecter : des footings le matin plusieurs fois par semaine et des randonnées en famille
Et la question rituelle de SCOOP Matin : tacos ou kebab ? : le maire de Lyon Grégory Doucet choisit... tacos !
►Société
Lyon : le feu d'artifice du 14 juillet pourrait-il être annulé en 2025 ?
En raison d'une réduction du budget 2025, la Ville...