Finalement, l'échange démarre. Plusieurs greffiers témoignent : "nous sommes épuisés", "on ne sait plus comment tenir", "je fais le travail de trois personnes". Les mêmes souffrances se répètent. Et quand la réforme sur les salaires est abordée, la colère monte encore d'un cran.
"Cette nouvelle grille, c'est une honte"
"Vous nous proposez 45 euros de plus par mois ? Vous comprenez pourquoi on se mobilise ?", s'indigne un greffier. "Cette nouvelle grille, c'est une honte", abonde une consœur. Ce lundi, des dizaines de rassemblements ont eu lieu un peu partout en France, y compris dans la région. Les greffiers veulent plus de moyens humains, plus de considération.
Leur travail, parfois méconnu du grand public, est pourtant central dans les tribunaux. Moins visibles que les juges et les avocats, les greffiers sont le lien direct entre les justiciables et les professionnels. Ils rédigent les actes, préviennent les parties de la date des audiences, assemblent les pièces qui servent à rendre la Justice. Sans eux, rien ne se passe.
À chaque intervention, systématiquement applaudie, le ministre écoute et tente de défendre sa ligne. "La Justice a été abandonnée pendant trente ans, je ne peux pas être le réceptacle de toutes les frustrations. Je n'ai pas de baguette magique", insiste Dupond-Moretti. "En 2027, la Justice ce sera 11 milliards d'euros de budget. En termes de pourcentage, c'est celui qui augmente le plus. Il faut de la patience car cette réforme, nous la réussirons ensemble ou nous échouerons ensemble."
Une prochaine réunion est prévue le 4 juillet avec les personnels de greffe. À Lyon, 11 embauches de greffiers sont prévues d'ici à la fin de l'année. Ce à quoi il faut ajouter l'arrivée prochaine de 9 magistrats du siège, de 4 magistrats du Parquet et de 18 adjoints administratifs.
Le comité des usagers : une première française
Après l'échange musclé entre le ministre et les professionnels du tribunal, le tout premier comité des usagers a été officiellement installé. Procureur, président du tribunal, avocats : en lien avec la faculté de droit de l'Université Lyon 3, l'objectif est de réunir régulièrement le comité qui se compose aussi d'étudiants et de justiciables. Ensemble, ils doivent établir des axes de réflexion pour améliorer l'accueil au tribunal, sous toutes ses formes.
Accompagnement par les avocats, délais entre les audiences, ponctualité... Des questionnaires ont été réalisés et adressés au public, à l'intérieur même du tribunal, pour mieux connaître l'avis des Lyonnais.
"Il y a des choses très simples à mettre en place, mais encore faut-il y penser. On se doit d'être plus pédagogue, la Justice est un grand service public, elle doit être proche des citoyens. Ici à Lyon, les chefs de juridiction l'ont parfaitement compris" a salué le Garde des Sceaux à l'issue d'une présentation de ce nouvel outil. Il a par ailleurs rappelé sa volonté que la justice soit un jour filmée, "qu'elle se montre".
En s'appuyant sur les réponses récoltées au moment de l'enquête de terrain, un plan d'action doit être élaboré à l'automne par le comité des usagers. Plusieurs axes ont été définis : accueil des personnes handicapées, gestion du temps d'attente ou encore, accès au numérique.
►Police - Justice
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