Un peu plus de trois mois seulement après son prédécesseur Michel Barnier, le nouveau Premier ministre a tenu son tout premier discours face à ses ministres et les députés des différents partis politiques.
Voici les principales déclarations de cette intervention attendue.
Stabilité et unité nationale
François Bayrou a placé la stabilité au cœur de son intervention :
"L'injonction que le pays nous assigne, c'est retrouver la stabilité."
Il a appelé les forces politiques à surmonter leurs divisions pour répondre aux attentes des citoyens :
"Les Français nous enjoignent de joindre nos forces pour forcer les issues."
Dette publique et budget
Sur le plan économique, le Premier ministre a insisté sur la gravité de la situation :
"Tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité dans l'endettement actuel. Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays."
Il a annoncé un objectif de déficit public révisé à 5,4 % du PIB en 2025, supérieur à celui de son prédécesseur (5 %) et une prévision de croissance abaissée à 0,9 % pour la même année.
Il a également invité l'Assemblée à adopter rapidement les budgets de l'État et de la Sécurité sociale pour 2025, rejetés après la censure du précédent gouvernement.
Réforme des retraites
François Bayrou a annoncé la réouverture du dossier des retraites :
"Je choisis de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref, et dans des conditions transparentes. Aucun tabou, pas même l'âge de départ."
Une première réunion avec les partenaires sociaux est prévue dès vendredi 17 janvier. En cas d'absence d'accord, la réforme de 2023, très contestée, restera en vigueur.
Réformes institutionnelles et politiques
François Bayrou a relancé l'idée d'une "banque de la démocratie" pour garantir un financement public et transparent des partis politiques.
"L'argent ne doit pas diriger les consciences. Le financement des campagnes et des partis politiques ne doit plus dépendre des banques privées, mais d'organismes publics sous contrôle parlementaire."
Il a également proposé d'introduire une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif, tout en le liant aux territoires :
"Cette réforme nous obligera probablement à reposer en même temps la question de l'exercice simultané d'une responsabilité locale et nationale."
Réforme de l'État et modernisation
Pour moderniser l'administration, un fond spécial pour la réforme de l'État sera créé, financé par la vente d'actifs publics, notamment immobiliers. Ce fonds servira à intégrer l'intelligence artificielle dans les services publics :
"Nos 1.000 agences ou organes actuels constituent un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire."
Audiovisuel public et culture
François Bayrou a affirmé sa volonté de mener à terme la réforme de l'audiovisuel public.
"La réforme de l'audiovisuel public, bien commun des Français, devra être conduite à son terme."
Il a rappelé qu'une proposition de loi prévoyant la création d'un holding France Médias avait été abandonnée après la chute du gouvernement précédent.
Dialogue avec les citoyens
François Bayrou a souhaité renouer avec les cahiers de doléances issus du mouvement des Gilets Jaunes :
"Les attentes souvent inexprimées des milieux sociaux exclus du pouvoir doivent trouver un écho. Reprendre ces cahiers de doléances permettra de répondre à la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas."
Agriculture et soutien aux agriculteurs
Le Premier ministre a également adressé, en fin de discours, des préoccupations spécifiques aux agriculteurs en soulignant leur rôle essentiel dans la société et l'économie françaises.
"Les agriculteurs sont les garants de notre souveraineté alimentaire. Ils sont aussi en première ligne face aux défis du changement climatique."
Il a promis un plan d'investissement pour soutenir l'innovation agricole, notamment dans la transition écologique.
"Nous devons leur donner les moyens d'adopter des pratiques durables, tout en assurant leur rentabilité."
François Bayrou a aussi annoncé des mesures pour simplifier les démarches administratives des exploitants agricoles et réduire leur exposition à la volatilité des marchés.
"Les agriculteurs doivent pouvoir se consacrer à leur métier, et non à une montagne de paperasse."