Le dimanche 3 septembre dernier, une patiente a reçu une greffe du larynx à l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon. Du prélèvement à la transplantation, c'est un marathon de 27 heures auquel ont participé les soignants. "Dont deux nuits blanches", sourit le Professeur Philippe Ceruse, chef de service ORL et initiateur de l'opération.
Parler à ses filles pour la première fois
Situé dans la gorge, le rôle du larynx est central pour respirer, manger mais aussi, parler. Grâce à cette opération exceptionnelle, la patiente greffée pourrait prochainement retrouver sa voix.
"Elle a retrouvé le sourire et le moral depuis qu'elle est retournée chez elle. Cette transplantation, elle a voulu la faire pour pouvoir parler à ses filles qui n'ont jamais entendu sa voix", poursuit le Pr Philippe Ceruse. Entouré d'une équipe déterminée, il a lui-même appris auprès des plus grands, voyageant jusqu'en Colombie. "C'est une opération extrêmement difficile, précisément parce qu'en France, c'est une première."
Et même une première mondiale, si l'on entre un peu plus dans les détails. Vasculariser le larynx greffé est une chose, l'innerver en est une autre. Cela n'avait jamais été réalisé jusqu'à présent. Il aura fallu plus de dix ans de travail et de recherche pour permettre à l'équipe de réaliser cette intervention de microchirurgie.
Un an de rééducation
Désormais, place à la rééducation. "C'est une grosse partie du travail qui reste à réaliser, mais pour l'instant ça se passe très bien", assure Nathalie Crouzet-Victoire, orthophoniste. "Il faut tout réapprendre, y compris à respirer." Cette période cruciale pourrait durer une bonne année.
La patiente, âgée de 49 ans, avait eu le larynx détérioré suite à une intubation en réanimation, après un arrêt cardiaque en 1996. D'autres patients dans la même pourraient bientôt bénéficier de cette opération. Les Hospices Civils de Lyon, pionniers dans différentes greffes depuis des années, espèrent un jour se pencher sur d'autres organes, comme l'utérus.
